À l’aimée, pour ses nuits blanches et vertes.
Le bitume se tait,
étouffé par la voix sèche de l’escalier.
Tous mes pas sont comptées par les marches cirées.
Enfin, un bruit renaît !
Dans ma mains les clefs sonnent
et quelque chanson vient traverser mon esprit.
Parvenant à la porte abritant notre vie
mon plaisir m’abandonne.
Je m’arrête longtemps ;
fixe le bois lisse de la porte d’entrée ;
y devine l’envers, son inutilité :
mon amour est absent.
Sans vraiment le vouloir
je me sers d’une clef qui ne peut pas aller
mais permet un moment de pouvoir retarder
l’entrée dans le couloir.
Tout de suite un parfum
vient me cueillir, au cœur, dans mes désillusions.
Elle a pris son dîner, une douche, un savon :
son départ est certain.
Elle appartient à d’autres :
autres lieux, autres gens, autres soifs, autres faims.
Je l’aime pour cela, pour cet autre destin
qui épouse le nôtre.
Je ne déteste pas,
pour autant, ces soirées qui la voient me manquer.
Leur parfum est aussi empreint de liberté…
ersatz de célibat.
Le plein de solitude
n’en est jamais un « trop », je connais sa durée.
Nul espoir désormais ne vient à me manquer.
Le plein de solitude…
Il arrive parfois
qu’un murmure discret de remous aquatiques
vienne doper mon poul. Serrurier frénétique
j’entre et reste sans voix.
Quelques gouttes, encore,
permettent, lascives, de souligner les jambes
dépassant du coton. Nul besoin de gingembre.
Je me perds en son corps.
La douceur échangée
nous permet à regret une séparation.
J’encourage ma belle, taisant un frisson.
Pourrait-elle rester ?
Quelques baisers la chassent,
la conduisent au palier ; la porte se referme.
Ses pas qui disparaissent affectent mon épiderme.
Déjà la nuit me lasse.
Ce que je tais bien trop,
ce que je n’ose dire à ma douce moitiée,
ce sont mes sentiments sur ces nuits, esseulé.
Je crains manquer de mots…
C’est pourtant si facile.
Je ne ressens aucun abandon ou tristesse.
Je ne suis que fierté pour ma belle princesse
à la nuit difficile.
Puisse cet écrit
te donner tout le courage
que je veux t’offrir.